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Guide d’utilisation des poupées d’empathie avec des personnes âgées Alzheimer
Comment mettre en place les poupées d’empathie en ehpad ?
Cet article approfondit notre guide d'usage de la poupée empathique avec des personnes âgées.
Il est important de préparer l’introduction de la poupée empathique en tant qu’outil d'approche non-médicamenteuse, dans un ehpad ou une maison de retraite. Présenter et expliquer la thérapie par la poupée d’empathie est une étape essentielle qui doit permettre de répondre aux interrogations et éventuellement de lever les blocages des différents acteurs, comme les équipes soignantes, les familles, voire la personne âgée elle-même.
Dans cet article, nous verrons comment mettre en place et présenter les poupées d’empathie de la meilleure manière possible.
Pour que cette proposition de thérapie non-médicamenteuse soit adoptée par tous, il est indispensable de prendre en compte :
- les équipes soignantes,
- les familles,
- les résidents,
- les bonnes pratiques.
- Présentation du projet de poupées empathiques auprès des soignants
- Présentation du projet de poupées empathiques auprès des familles
- Présentation d’une poupée d’empathie auprès des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs
- Les bonnes pratiques et conseils d’utilisation des poupées d’empathie auprès des seniors
- La mise en place d'un projet de poupées empathiques
Présentation du projet de poupées empathiques auprès des équipes soignantes
Un projet de poupées empathiques dans une structure est souvent initié par un professionnel (psychologue, animateur ou animatrice…) et doit rapidement être partagé avec la direction, qui devra le soutenir.
Au sein d’une structure, cette idée peut se heurter à l’indifférence, au scepticisme ou à l’opposition d’autres soignants qu’il faut convaincre de la pertinence de cette démarche en présentant les poupées et en échangeant avec eux sur les points et arguments les plus importants du projet de poupées empathiques :
- la poupée empathique est un outil qui s’inscrit dans une démarche thérapeutique non-médicamenteuse,
- la poupée empathique est destinée aux personnes âgées souffrant de la maladie d'Alzheimer ou d’autres formes de démence neurodégénérative,
- la poupée empathique favorise l’apaisement, la communication, la motricité et l’estime de soi des personnes âgées qui l’utilisent,
- la poupée empathique n’est pas infantilisante et n’est pas destinée à abuser la crédibilité des personnes âgées. Son visage est intentionnellement naïf, son corps lui-même n’est pas réaliste et les personnes âgées qui utilisent une poupée empathique choisissent de considérer la poupée empathique comme un poupon, mais ne sont pas forcément dupes de cela,
- par sa capacité à apaiser les tensions, la poupée empathique est un outil qui permet de travailler dans une atmosphère moins anxiogène et qui libère du temps. La poupée empathique aide à soulager une personne anxieuse ou angoissée, et à empêcher que l’agitation gagne d’autres résidents,
- la mise en place de poupées d’empathie est un projet pluriprofessionnel qui coordonne la participation de personnes sensibilisées à cette démarche, et qui nécessite un suivi personnalisé des actions, résident par résident.
- un projet de poupées empathiques en EHPAD n’est pas un projet systématique qui se déploie auprès de tous, avec le même protocole. Il est personnalisé, prend en compte l’individualité de chaque personne et s’appuie sur une bonne connaissance des résidents, de l’histoire et du projet de vie de chacun,
- depuis les années 2010, c'est un domaine qui intéresse la recherche et de nombreuses études ont été menées sur le sujet. On peut notamment se référer aux travaux du Dr. Gary Mitchell (auteur de Doll Therapy in Dementia Care) pour présenter des arguments de recherche qui appuieront un projet de poupées empathiques en ehpad.
De plus en plus de poupées d’empathie sont utilisées en maison de retraite et le témoignage positif d’une personne qui viendrait d’un autre EHPAD, peut aider les autres membres du personnel à apprécier l’apport des poupées d’empathie auprès de personnes âgées souffrant de troubles cognitifs.
Présentation du projet de poupées empathiques auprès des familles
Il est important d’informer les familles des résidents avant la mise en place de poupées empathiques dans un EHPAD. On peut présenter les mêmes arguments qu’après des équipes soignantes, en insistant sur le fait que la poupée empathique est un outil, et en les rassurant sur le fait que cette démarche thérapeutique n’est pas infantilisante, mais qu’elle vise au contraire à donner aux proches des moyens d’actions, de communication et d’échanges qu’ils avaient perdus.
Il faut aussi insister sur le fait que les poupées empathiques ne sont pas imposées, mais proposées aux résidents, et ce, dans une démarche individualisée.
Cette information aux familles peut se faire lors de conversations individuelles et éventuellement rappelée, par exemple, par des affiches posées à l’entrée de l’EHPAD, afin que les visiteurs occasionnels ne soient pas surpris de croiser une personne âgée avec une poupée empathique dans les bras, mais soient sensibilisés à l’objectif de cette démarche.
Présentation d’une poupée d’empathie auprès de personnes âgées souffrant de troubles cognitifs ou de la maladie d’Alzheimer
La connaissance de l’histoire individuelle de chaque résident est essentielle pour construire une approche personnalisée. Cela permet d’éviter des impairs, comme par exemple de mettre autoritairement une poupée dans les bras de chaque résident sans avoir identifié auparavant qu’une de ces personnes a perdu un enfant en bas âge ; ce qui peut réveiller un traumatisme profond.
On peut organiser la séance de présentation de la poupée empathique, soit de façon collective, soit en individuel.
Présentation de la poupée à un groupe
Une première approche légère peut être faite auprès d’un groupe de personnes âgées souffrant de troubles cognitifs, au sein d’une Unité de Vie Protégée par exemple.
On peut alors poser une ou plusieurs poupées sur une table et observer les différentes réactions des personnes âgées. Certaines prendront spontanément une poupée empathique et la poseront devant elles ou sur elles (sur leurs genoux ou sur une table). D’autres pourront être plus intimidées, mais tout aussi curieuses et s’approcheront lentement de la poupée.
Il peut aussi se trouver des personnes qui refusent de prendre ou de regarder la poupée. Il est intéressant d’analyser ces moments pour mieux comprendre leurs réactions. Par exemple, une personne peut se sentir incapable de s’occuper correctement de la poupée et estimer que c'est une trop grande responsabilité à prendre.
Présentation de la poupée en face à face
Il s’agit de présenter plutôt que de proposer une poupée empathique. On peut ainsi rencontrer la personne en tenant une poupée contre soi, de manière naturelle et tout en discutant. Cela permet d’observer la réaction de la personne et de mesurer son intérêt. Si elle est demandeuse, que sa demande soit formulée verbalement ou par gestes, on peut lui tendre la poupée et la laisser la prendre contre elle ou posée devant elle.
Une astuce à connaître sur les poupées d’empathie pour améliorer leur présentation : elles ont toutes le regard légèrement orienté vers la droite. Donc si vous souhaitez présenter une poupée empathique en la tenant contre vous, portez-la sur le côté droit. Ainsi le regard de la personne à qui vous présentez la poupée empathique va croiser son regard et créer un lien. Ensuite, si la personne prend la poupée contre elle, proposez-lui de la porter sur le côté gauche et elle croisera à nouveau son regard.
Il est intéressant de disposer de plusieurs poupées empathiques d’apparences différentes : des poupées filles, des poupées garçons, des poupées brunes ou des poupées blondes, des poupées avec des vêtements de formes et de couleurs différentes. Chacun pourra aller vers sa poupée préférée. Cela permet aussi d’éviter des confusions quant à l’appartenance des poupées.
Les bonnes pratiques et conseils d’utilisation des poupées d’empathie auprès des séniors
Une fois que les poupées d’empathie ont été présentées, il y a une multitude de manières de les utiliser.
Il faut d’abord décider si vous faites une attribution personnalisée des poupées d'empathie ou bien si elles sont destinées à un usage collectif. Au quotidien, il est fréquent qu’une personne adopte la poupée empathique et se l’approprie ; c’est l’usage le plus répandu de la “doll therapy”. Dans le cas d’une activité de groupe, la thérapie consiste principalement à se réunir pour permettre aux personnes âgées atteintes de troubles cognitifs, de communiquer avec les autres autour d’un intérêt partagé et fortement engageant.
La thérapie par les poupées empathiques n’est, par essence, pas structurée et doit rester une approche strictement individualisée.
Il convient cependant de respecter certaines recommandations pour gérer au mieux la relation de la personne âgée souffrant de troubles cognitifs avec une poupée empathique, et préserver les bénéfices thérapeutiques de la présence de la poupée :
- Si la personne exprime qu’elle considère que la poupée empathique est un bébé ou un enfant, les professionnels de santé et ses proches ne doivent pas la contredire et ne pas traiter la poupée différemment de ce qu'elle-même fait,
- Si la personne donne un prénom à sa poupée d'empathie, vous pouvez faire de même,
- Que ce soit pour ménager des moments où cette personne sera sans la poupée ou bien pour proposer la poupée à d’autres personnes, vous pouvez intervenir en indiquant, par exemple, que la poupée est fatiguée, a besoin de se reposer un peu ou encore qu’elle est sale et doit aller se laver.
- Lorsque l'on retire une poupée des bras d'une personne, il ne faut pas le faire sans son accord et expliquer ce que l’on va faire avec la poupée.
- Quand on manipule la poupée empathique, il faut le faire avec la même précaution que le fait la personne âgée, ne pas la prendre par les jambes ou par la tête par exemple.
- La poupée empathique ne doit pas non plus être rangée à un endroit pouvant être considéré comme dangereux par la personne âgée : par terre, dans un lieu de passage, au bord d’une fenêtre ouverte, sur un radiateur, dans une boîte fermée.
- Il ne faut pas utiliser la poupée comme un outil de pression psychologique, ni retirer la poupée comme une forme de punition.
- Veillez à ce que la personne qui utilise la poupée ne se surinvestisse pas trop dans la relation, et que les soins qu’elle apporte à la poupée ne soient pas à son détriment. Cela est rare, mais on doit s'assurer que la personne âgée se repose et se nourrisse convenablement.
Un principe fondamental est que lorsque qu’une poupée a été présentée et acceptée par une personne âgée souffrant de démence, elle ne lui sera généralement pas retirée.
La thérapie par les poupées empathiques est en réalité menée par la personne âgée. En revanche, l'accompagnement par les professionnels, en toute connaissance de cause, est essentiel pour que cette approche non-médicamenteuse fonctionne et puisse améliorer la vie de ceux qui en bénéficient.
La mise en place d'un projet de poupées thérapeutiques
Pour introduire une poupée thérapeutique auprès d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, il est donc important de prévenir et d’informer la famille et les soignants de la démarche à suivre et des objectifs de la thérapie. Il conviendra ensuite que tous les acteurs restent impliqués dans la démarche et le respect des bonnes pratiques et des choix des personnes âgées.
Pour aller plus loin :
Cet article est le 2ᵉ d’une série de 3 articles consacrés aux poupées d’empathie :